L’ESPIONNE AUX DEUX VISAGES

LE DOSSIER MONA LINA, de Eran Riklis – 1h33

Avec Golshifteh Farahani, Neta Riskin, Lior Ashkenazi

Sortie : mercredi 4 avril 2018

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Mona, libanaise, est soupçonnée par le Hezbollah d’être une informatrice des services secrets israéliens. Craignant qu’elle soit démasquée, le Mossad l’exfiltre vers l’Allemagne et lui fait changer de visage. Pendant deux semaines, le temps de se remettre de son opération, ils la cachent dans un appartement à Hambourg. Naomi, agent du Mossad, est chargée de lui tenir compagnie et de la protéger. Mais le Hezbollah est à la poursuite de Mona et la planque ne s’avère pas aussi sûre que prévu…

Et alors ?

Inspiré par la lecture d’une nouvelle, The Link (Le Lien) dans le recueil écrit par un ancien agent du Mossad, Tal Yaari,  Eran Riklis n’était pas au bout de ses surprises. Quelques mois, il découvrit que l’agent n’existait pas et que ces écrits étaient l’œuvre de la célèbre romancière Shulamith Hareven, décédée depuis. L’idée a fait son chemin et le cinéaste a voulu capter l’histoire de « deux femmes dans une planque, avec une menace qui rode à l’extérieur. » Le tout dans le cadre plus aseptisé et neutre d’une banale ville allemande, celle d’Hambourg.

Évoquant, une fois de plus, un monde qui se joue des frontières (on se souvient du remarquable opus Les Citronniers), Eran Riklis sait très bien se jouer sur plusieurs registres et nourrir son thriller psychologique d’éléments plus intimes dans le parcours personnel des deux héroïnes principales.

La force du film tient dans deux actrices que tout oppose et qui incarnent deux personnages contraints de faire un bout de route ensemble.

Le visage progressivement libéré des lourds bandages camouflant son opération, Golshifteh Farahani incarne parfaitement cette femme déchirée par un lourd passé et qui a « trahi » les siens. A l’opposé, Neta Riskin est très crédible dans le rôle de cette femme qui ne doit laisser rien paraître ou presque de ses émotions et être prête à réagir au moindre imprévu.

L’ambition du cinéaste est clairement affiché quand il souligne : « Je voulais faire un polar accessible au plus grand nombre mais aussi explorer les aspects les plus sensibles de mes personnages, le tout ancré dans la complexité et la richesse du Moyen-Orient. » Moins original que ses précédentes créations, et même si l’on se doute un brin du rebondissement final, ce film, qui n’est pas sans écho à un roman de John Le Carré, répond clairement à ses attentes et  ce film est véritablement porté par deux interprètes magnifiques.

Laisser un commentaire