CINÉMA : MERCREDI 1er MAI 2024
ÉTAT LIMITE, de Nicolas Peduzzi – 1h42
Documentaire
Mon avis : 4 sur 5
Le sujet
Hôpital Beaujon, Clichy. Au mépris des impératifs de rendement et du manque de moyens qui rongent l’hôpital public, Jamal Abdel Kader, seul psychiatre de l’établissement, s’efforce de rendre à ses patients l’humanité qu’on leur refuse. Mais comment bien soigner dans une institution malade ?
Ce qui touche dans ce film ?
Pour Nicolas Peduzzi, le sujet du documentaire renvoie à un parcours personnel. Il raconte : « L’hôpital public français a toujours eu pour moi un visage amical : c’est lui qui avait sauvé mon père en 1990, lui qui m’avait accueilli et soutenu en service psychiatrique lorsque j’en avais eu besoin. » Il y a quatre ans lors de la crise sanitaire, il a voulu tourner un documentaire au côté des soignants de l’hôpital Beaujon, pour comprendre comment l’institution vit désormais un tel mal-être. Très vite, de service en service, il a croisé le chemin du seul psychiatre de l’établissement.
In fine, il y a deux sujets dans ce documentaire prenant. D’abord, le portrait d’un médecin au parcours pas classique et à la personnalité atypique : Jamal Abdel Kader, d’origine syrienne, qui parvient à établir un contact avec les malades les plus « difficiles » en apparence et qui, malgré le stress quotidien, le manque de moyen, parvient à s’occuper d’eux, à trouver une solution. On ne peut qu’être ébahi par sa capacité à « écouter » et faire « parler » ces patients.
Le portrait au quotidien de ce praticien qui ne compte pas ses heures, prend quelques minutes pour respirer à l’air libre entre deux étages montre aussi la déliquescence d’un système auquel on ne prête malheureusement attention que lorsqu’on est confronté à la situation. Nicolas Peduzzi souligne : « Je suis sensible aux personnalités troubles, et je partage avec Jamal cette idée que le dérèglement d’une société se mesure à la façon dont elle traite ses « fous ». »
TRAVELLINGUE 