L’Amérique selon Ciment

Dans ce volume, Michel Ciment montre bien comment aussi les acteurs de cette renaissance tend, depuis quatre décennies, à préférer New York à Hollywood. Woody Allen explique par exemple : « New York est sur la brèche : tout arrive à New York, avant de se propager au reste de l’Amérique. Tout ce qui va aller de travers dans la culture américaine des années à venir, va déjà de travers à New York ! »

Et ses entretiens avec Stanley Kubrick, réputé pour être un cinéaste pas facile à aborder, sont une mine d’information sur le créateur de Shining. Ainsi quand il explique l’importance d’un scénario : « Je pense que le vrai problème avec le public, c’est l’histoire. Les films, en général, ne sont pas décevants visuellement, mais la plupart sont ennuyeux, et il est rare qu’ils vous émeuvent ou laissent libre cours à votre imagination. Je dirais que le problème est : d’où viennent les bonnes histoires ? » Avant d’ajouter, toujours visionnaire : « Il faudra donc qu’on fusionne l’économie d’un cinéma muet et l’extraordinaire pouvoir qu’un court métrage publicitaire peut générer en trente secondes. »

Suscitant les rencontres au gré de ses coups de cœur, Michel Ciment fut aussi un découvreur de talent, comme le prouve son interview avec Barbara Loden, la quatrième épouse d’Elia Kazan, qui réalisa un seul film Wanda avant d’être emportée par un cancer. Et dans cet entretien, un des rares de l’artiste, il explique bien comment elle a imaginé cet « anti-Bonnie and Clyde refusant tout glamour. »

Une plongée passionnante dans la création cinématographique doublé d’un regard curieux sur son industrie et la marchandisation de la culture.

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