Anouk Aimée, une voix singulière

Un autre film marquera à jamais sa carrière : c’est Lola de Jacques Demy sorti l’année suivant La Dolce Vita où déjà Anouk marquait l’écran d’une forme de nonchalance stylée. Chez Demy, en entraîneuse portant guêpière et collants résille, elle était d’une saisissante beauté, sans jamais sombrer dans la moindre vulgarité. Elle a toujours dit qu’il y a avait une « part d’elle » dans ses rôles. Lola allait définitivement lui coller à la peau. « Je ne sais plus où commence Anouk et où commence Lola, où finit Lola et où finit Anouk », a-t-elle toujours répété.

Sa carrière connut aussi une tournure plus internationale. Film anglais dès ses 17 ans, deux films allemands comme Nina, de Rudolf Jugert, petit rôle, en 1959, dans Le Voyage, film américain d’Anatole Litvak : Anouk Aimée n’a pas cessé de tourner hors de France. En 1980, son rôle de femme dépressive, victime de vertiges, dans Le Saut dans le vide, de Marco Bellochio lui vaudra le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes.

Et puis, dans sa longue filmographie, il y eut la rencontre avec Claude Lelouch et un film devenu mythique, Un homme et une femme (1966) : une histoire d’amour qui a traversé les époques. Il lui valut le Golden Globe de la meilleure actrice quand Lelouch décrocha la Palme d’or au Festival de Cannes. En 2019, Claude Lelouch avait reformé, une troisième fois encore, le duo Anouk Aimée-Jean-Louis Trintignant dans Les Plus Belles Années d’une vie, évocation du temps qui passe et des amours qui ne s’éteignent jamais complètement.

Cultivant un goût certain du secret, celle qui s’était mariée trois fois, notamment avec chanteur et compositeur Pierre Barouh, créateur de la célèbre chanson à la ritournelle « chabadabada », a promené sa voix chaude et sa silhouette légère sans jamais se départir d’un certain voile de mystère.

Laisser un commentaire