Décrivant les spécificités sociales, religieuses, culturelles et historiques, Alexe Liebert a nourri le scénario de ce documentaire de quatre voyages, entre février 2016 et avril 2017, faits entre le Kurdistan irakien jusqu’à la frontière syrienne puis au Sinjar. Et ce documentaire montre comment les Yézidis ont vécu bien des attaques, bien des persécutions jusqu’à ces ravages causés par Daech qui a utilisé les femmes comme des esclaves sexuelles, alors qu’elles sont sacrées pour ces peuples. Et on voit, en écoutant une plus que centenaire qui témoigne, on mesure comment le « ferman », autrement dit le souvenir des massacres, des génocides, est transmis de génération en génération (on en compte 74 !).
Par les plans de ces camps sans âme, par les dessins des enfants qui évoquent ce qui ne peut être dit, mais aussi par les témoignages épouvantables de ces femmes qui ne parviennent pas toujours à maîtriser leurs pleurs à l’évocation de tels moments, ce « conte documentaire » est d’une rare force. Et évoque aussi de manière poétique comment, chez les Yézidis, les nœuds sont au cœur des prières… Même si le vent les emporte et que la violence n’en a cure.
TRAVELLINGUE 