Une vie en sang

CINÉMA : MERCREDI 5 JUIN 2024

EN ATTENDANT LA NUIT, de Céline Rouzet – 1h44
Avec Mathias Legoût Hammond, Céleste Brunnquell, Élodie Bouchez, Jean-Charles Clichet

Mon avis : 3 sur 5

L’histoire

Philémon est un adolescent pas comme les autres : pour survivre, il a besoin de sang humain. Dans la banlieue pavillonnaire un peu trop tranquille où il emménage avec sa famille, il fait tout pour se fondre dans le décor. Jusqu’au jour où il tombe amoureux de sa voisine Camila et attire l’attention sur eux…

Et alors ?

D’emblée, dans la très belle scène d’accouchement, on sent peser une menace sur cette famille banale et aimante avec ce début dans le noir complet où l’on attend des cris. Grâce à un habile saut dans le temps, qui emporte le spectateur dans les années 90, on découvre petit à petit le secret qui soude ce clan face à l’extérieur avec le thème, traité de manière originale dans le registre du fantastique, du vampire moderne. Et d’un adolescent qui cache un mystère sous sa gueule d’ange tout droit sorti de Mort à Venise. Et toute l’astuce du scénario est de confronter une famille qui se cache à un univers banal de voisinage qui va découvrir graduellement la spécificité de cette famille mystérieuse.

Pour concevoir le scénario à quatre mains avec William Martin, elle s’est inspirée d’un drame personnel : la disparition de son frère en 2014. Elle explique : « Outre la douleur, cela a fait naître en moi de la colère, un grand sentiment d’impuissance et d’injus@ce. Je me devais de raconter l’histoire de mon frère mais je ne savais pas comment m’y prendre. Il me paraissait impossible de le faire de façon trop réaliste et frontale. Un jour, au moment où je tentais l’atelier scénario de La Fémis, l’idée de vampirisme m’est apparue comme une évidence. Je me suis rappelée que cette figure avait énormément hanté mon frère quand il était petit, lui qui est né différent et qui a beaucoup souffert du rejet des autres. Enfant, il voyait des vampires venir jusque dans sa chambre pour lui parler. Il en était terrifié mais, au fil de sa vie, il s’est mis à nourrir une sorte de fascination pour eux… »

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