La femme-théâtre

Dans ses promenades à Buenos Aires, notamment dans le quartier bohème de San Telmo, on mesure tout ce que l’actrice doit à sa jeunesse en Argentine où elle a connu des dictatures et une violence au quotidien. Une époque où elle était plus danseuse que comédienne et travaillait dans une compagnie surveillée par le pouvoir, ce qui l’a même conduit en prison durant presque un mois. C’est en étant appelée à Paris par Alfredo Arias en 1975 pour rejoindre son groupe théâtral TSE juste avant le coup d’État des militaires, qu’elle évitera le pire et pourra continuer à jouer librement. Revenant sur toutes les années au côté d’Arias, elle évoque son « amitié fraternelle » pour le grand metteur en scène argentin qui signait des mises en scène d’une totale originalité.

Durant ce documentaire nourri d’étonnantes archives, très riches, on est surpris de voir comment pour Marilú Marini, le corps est très important dans son travail. Elle reconnait : « Le corps est très présent dans mon travail, et dans mon approche à l’artisanat du comédien, car je pense qu’être comédienne relève du travail de l’artisan. Les spectateurs, quand ils viennent au théâtre, ne voient pas que le blabla, ils voient les corps des comédiens évoluer sur scène. Un corps exprime une quantité de choses qui parfois sont inavouables par ailleurs. » Une actrice qui avoue beaucoup s’inspirer en regardant les gens dans la rue et qui semble n’avoir jamais cessé de travailler son jeu. Le résultat est là. Et le rire de cette comédienne, une façon peut-être de cacher ses émotions, continue de vous marquer longtemps après avoir visionné ce film d’une vie dédiée à l’art.

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