Voyage au bout de la nuit homophobe

Sortie cinéma : mercredi 15 février 2023

ANIMALS, de Nadil Ben Yadir – 1h32
Avec Soufiane Chilah, Gianni Guettaf, Vincent Overath

Mon avis : 4 sur 5

L’histoire ?

Brahim est un jeune homme, la joie de vivre de sa mère, fruit d’un couple belge mixte (sa mère ayant épousé un maghrébin). Un jour il trouvera l’amour de sa vie. il deviendra père de famille et les rendra tous fiers. Un jour, il sera mûr et comblé. Un jour… Car Brahim cache à ses proches son homosexualité.

Ce qui touche dans ce film ?

Dans ce film aux allures parfois de documentaires, avec notamment les images prises d’un téléphone portable, Nabil Ben Yadir revient sur l’affaire Ihsane Jarfi, ce jeune homme tué à Liège en 2012 parce qu’homosexuel. Tourné dans la plus grande discrétion, après un lent travail d’enquête et après avoir interrogé la famille du jeune homme, ce drame décrit presque comme un reportage la lente descente aux enfers de Brahim, pris au piège après avoir tenté d’aider une jeune femme harcelée par une bande de jeunes en goguette devant un bar de nuit.

Le cinéaste raconte : « Je suis tombé en 2012 sur un article de journal qui racontait la découverte du corps d’Ihsane et j’ai commencé à m’intéresser à cette histoire. Je me suis senti en connexion directe dès ce moment-là avec ce drame. En lisant l’article qui évoque un crime homophobe, je me pose plein de questions sur l’identité. De façon purement intellectuelle et partant du principe que nous sommes tous pluriels, je me pose la question du racisme, de l’homophobie, de la façon dont on choisit de dénommer ce crime. Très vite, j’ai creusé le sujet, et, lors du procès en 2014, j’ai rencontré Hassan Jafri. Au fur et à mesure du procès, j’ai eu envie de raconter cette histoire. »

Au gré de ce voyage au bout d’une nuit homophobe « banale », le film montre bien comment peuvent naître des monstres dans l’atmosphère veule d’une bande de jeunes aussi bêtes que sauvages et dont l’un cache une blessure profonde que l’on découvre à la toute fin du film. Un film qui pose à juste titre, outre la question de la tolérance familiale -et qui plus est dans un milieu mixte – la manière dont nos sociétés occidentales, dites avancées, peuvent laisser se perpétrer pareilles horreurs. Et ne font pas un effort plus poussé d’éducation à la tolérance.

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