Les femmes et la vie d’artiste

Si la facture de ce film militant a un peu vieilli – Delphine Seyrig a pris le parti d’une interview assise au cadrage assez sage – le contenu reste fort et a un ton moderne, tant les revendications de ces femmes préfigurent certains débats de la génération #MeToo. Et toutes les actrices sont unanimes pour rappeler déjà que la séduction n’est pas le seul levier de réussite. Remis dans le contexte de son époque, et des combats du MLF, ce documentaire reste alors incontournable et prouve qu’il y a encore bien du chemin à faire.

« Je ne suis pas une apparition, je suis une femme » dit Fabienne Tabard (Delphine Seyrig), dans Baisers volés, de François Truffaut en 1968, une formule qui peut résumer la question centrale, ici posée par la comédienne-réalisatrice sur la construction de son image quand on est actrice. « Si les femmes se mettaient à écrire, ça changerait beaucoup de choses« , dit Marie Dubois annonçant toute la génération de femmes qui ont pris leur destin en main dans le milieu cinématographique en écrivant, comme le leur suggérait François Truffaut, des histoires et des rôles pour elles.

On se souvient encore de sa réplique à Michel Drucker (déjà !) lors d’une émission : à la remarque, « Vous êtes une femme qui pense... », Delphine Seyrig répondait du tac au tac : « Toutes les femmes pensent. Mais on n’accorde qu’à certaines l’occasion de le montrer. » Revoir son documentaire prouve la détermination d’une artiste refusant de se soumettre à certains diktats bien établis.

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